Cabinet de lecture, vendredi 19 octobre 2012
La poule aux œufs d’or
L'avarice perd tout en voulant tout gagner.
Je ne veux, pour le témoigner,
Que celui dont la Poule, à ce que dit la Fable,
Pondait tous les jours un oeuf d'or.
Il crut que dans son corps elle avait un trésor.
Il la tua, l'ouvrit, et la trouva semblable
A celles dont les oeufs ne lui rapportaient rien,
S'étant lui-même ôté le plus beau de son bien.
Belle leçon pour les gens chiches :
Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus
Qui du soir au matin sont pauvres devenus
Pour vouloir trop tôt être riches ?
Jean de la Fontaine
Chronique de la vieille poule qui avait des dents
Vieillir, ce n'est pas un boulot pour les poules mouillées. (Stephen King, Insomnies)
Je vous avais parlé il y a quelques mois du velociraptor à plumes, voici maintenant le tyrannosaure en cocotte !
Un chercheur étasunien de l’école de médecine de Harvard a en effet publié en 2007 dans la célèbre revue « Science » un article démontrant que notre bonne vieille et vivante poule (Gallus gallus cotcotkodacus) de nos omelettes et de nos œufs à la neige serait une descendante directe de l’abominable et gigantesque t-rex (Tyrannosaurus rex, lézard tyran roi) décédé on ne sait comment et sans testament connu, il y a la bagatelle de 70 millions d’années (au bas mot)
Ce Nimbus Americanus Simplex qui, après polémique, vient encore récemment de soutenir mordicus cette thèse, a en effet comparé les ADN du gallinacé avec celle du terrifiant et monstrueux roi des jungles jurassiques et il y a trouvé une telle similitude dans les codes génétiques qu’il en avait incontinent pondu un œuf dans le nid de ce canard scientifique.
C’est vrai que cette nouvelle est stupéfiante car quand on regarde une poule et un t-rex, nous avons du mal à priori, à trouver quelques airs de famille entre cette indispensable et souvent insupportable volaille et ce megaraptor antédiluvien.
Par contre, en réfléchissant un peu, ces deux-là peuvent avoir au moins en commun une stupidité sans borne et affligeante voire une insondable bêtise, flagrante, pour la poule et supposée, pour le t-rex.
Ainsi donc la poule avait autrefois des dents et même de très belles dents bien assassines (C’était sûrement pour mieux faire l’œuf, mon enfant ?) et elle avait une telle taille (environ 5 m de haut et 13 m de long, 13 tonnes avant le dîner) qu’elle pouvait avaler une vache en deux bouchées pour ne pas dire cul sec !
Comme quoi l’évolution a ses mystères, ses grandeurs et ses décadences comme celle de notre brave poule à jamais rétrécie et anodonte et qui, de nos jours, ne fait plus peur qu’aux misérables vers de terre ou aux jeunes coqs homosexuels (et encore…)
Une telle évolution aurait aussi ses paradoxes car elle dément quelque peu l’expression « ceci se passera quand les poules auront des dents » car comme elles en auraient eues, l’évènement que nous voulions reporter ainsi aux calendes grecques, risque fort de s’être déjà produit !
Je dois toutefois ajouter deux bémols à cette stupéfiante découverte :
Primo, un collègue du susdit savant s’est gentiment foutu de sa gueule dans un article acide publié par cette année dans la même revue.
Il émet en effet l’hypothèse très insolente qu’après une inhumation de plusieurs millions d’années, l’ADN tiré de l’os du dinosaure était sans doute quelque peu « rancie » sinon polluée par tout le tremblement du monde voire de tout son train.
Il est clair que même un échantillon d’ADN tout chaud et tout neuf d’un être bien vivant peut être « contaminé » très vite par les gènes d’un moustique ou d’un acarien quelconque qui aurait posé dessus ses pattes sales dans la nuit du laboratoire.
Bon, si cet insecte sera suspecté quelque temps d’avoir massacré 150 personnes à la hache dans un hôtel californien, heureusement que l’informatique et les contre-expertises l’innocenteront rapidement devant n’importe quelle cour d’assise.
Pour un os de dinosaure, c’est une autre histoire et une autre expertise, surtout s’il a été découvert il y a 107 ans par un chien bâtard et plein de puces aux fins fonds d’une basse-cour américaine.
Secundo, bien que je ne sois ni paléologue, ni généticien, ni biologiste, je contesterai cette thèse en constatant simplement que d’après ce qu’on l’on sait, si le Tyrannosaure Roi avait sans doute des plumes, il n’avait pas d’aile et que, de mémoire d’homme, de loup et de singe, jamais personne ne l’a vu servi avec de la farce et des marrons au repas de Noël, sinon, ça se saurait ! CQFD !
Enfin, je conseille fermement aux éleveurs d’appeler toutes leurs poules « t-rex ». Elles s’en foutront comme de leur première coquille, mais on ne sait jamais !
Fin de loup
Martin lothar
Cabinet de lecture, vendredi 19 octobre 2012
Je suis une poule à la retraite
Des grandes usines Poularde
J'ai vécu ma vie en cage
Sous néons, sans plumes, ni dents
A pondre dans des goulottes
Des oeufs tout blancs
Je suis la poule nègre
Menotée au rendement
Je suis la poule oubliée
Dans les cales des négriers
Je suis la poule qui rêve
De voler au dessus des rotissoires
Je suis la poule des usines Poulardes
Pascale- Anna
Deux Cadavres exquis "La Poule"
C’est en se réveillant ce matin que ma poulette, roule ma poule; J’en ai eu la chair de poule, près de toi, toi ma poule !
Toi ma tendre aux yeux dorés, ta peau croustillante me fait rêver de cette petite poulette qui se faisait dorer la peau sur la plage où l’on voit les parasols se déplier, les enfants courir avec les mouettes et les goélands glissant au dessus des goémons que les pêcheurs ramassent à grandes brassées pour remplir leurs casiers, déjà pleins œufs durs. Ils sentaient la ferme qui est loin, aussi loin que les poules avaient des dents à l’époque terrible du Tyrannosaure Rex, to poule or not o poule, tel est la question, poil au croupion !
Il faut savoir choisir, quoique les deux sont souvent d’une étrange connivence, n’en déplaise aux cul-nus qui sont aux fondements de ce que le cou-nu est à la police et le cul-nu est au nudiste, comme tous les poulets qui les accompagnent sur ce sable en dehors du poulaillier.
Qu’ils étaient bons, qu’ils étaient bons ces œufs en chocolat, à nous en faire éclater la peau… du ventre !
La carcasse gisait sur la table, restes évidents de membres évidés, au milieu de sa graisse brumâtre, ce devait être une vieille poule, à voir son gabarit filandreux; Les plumes collées étaient moins blanches mais les petits yeux noirs de la poule naine se fermaient pour éviter qu’elle ne s’envole à l’extérieur et ne passe en retour par la porte entrouverte.
Une poule, la plume au vent, le cou pelé cherchait à picorer quelques grains de mais que j’avais jeté là, contre le mur, rouge, jaune, vert, bleu, cette plume de corps et d’esprit, sans peur ni reproche.
Encore, pourquoi ne pas les dépasser, communiquer autrement, je rêve, je rêve et je voudrais tant te le dire, mais j’ai honte de la poule qui sommeille en moi, le bel enfant dans la nuit étoilée, sous le chêne au milieu du jardin. J’ai ramené des roses et puis des fruits pour vous et l’enfant qui sautaient par dessus les haies fleuries et qui riaient aux éclats de ma poule ! Il pleut, il pleut, il pleut sur Nantes, sur Nantes et sur toutes les poules, les bonnes histoires se font dans les bons pots…